La créativité : vertu du nouvel embauché ?

Il est devenu courant de requérir des candidats à des postes clés de l’entreprise une capacité pourtant très floue pour la plupart d’entre eux : la « créativité ». On y voit en général l’aptitude à avoir de nouvelles idées, à trouver des solutions inédites, à ne pas reproduire purement et simplement l’existant, bref à proposer de la nouveauté … mais pourvu que cela ne perturbe pas l’ancien !

Outre la contradiction patente, il s’agit là pour nous d’une confusion, car la créativité ne repose pas sur la capacité d’innovation, mais sur l’intelligence qui « transgresse » les schémas établis. Et comme l’intelligence ne se confond ni avec l’érudition, ni avec la culture ; et la « transgression » créative n’est pas non plus une invitation au désordre : la créativité conduit à passer outre les déterminations expertes et culturelles qui ne reproduisent, en fin de compte, que du semblable.

En conséquence, il faut bien entendre qu’il n’y a pas de créativité sans remise en question du système, ni sans dérangement pour ses acteurs. Est-il bien certain que ceux qui demandent de la créativité à leurs nouveaux embauchés souhaitent aller jusque là ?